Depuis 2009 j’ai pu collaborer en tant que musicien et co-producteur sur le projet atypique d’un boléro de Ravel pour 2 pianos et percussions basques dont la txalaparta. J’ai pu parcourir l’Europe avec Katia et Marielle LABEQUE, musiciennes originaires du Pays Basque et qui composent un des duos de piano des plus célèbres au monde.
Katia et Marielle ont, avec cette collaboration, découvert un « autre Pays Basque » et ont poussé à la création d'un ensemble : le groupe "Kalakan" elles ont aussi donné leur accord pour un nouveau projet, qui mettra en valeur la culture et la langue basques :
"Animalien ihauteria, Le carnaval des animaux."
On ne présente plus la célèbre pièce de Camille Saint-Saëns, qu’il a composée lors de vacances en Autriche pour s’amuser autant que pour amuser. La pièce ne fut jouée que deux fois du vivant de son compositeur, ne voulant pas que l’aspect « trivial » de la pièce ne lui fût reproché.
L’œuvre en 15 mouvements comporte des thèmes repris dans des dizaines de films, publicités, génériques, spectacles etc… et a donné lieu à des dizaines d’enregistrements avec ou sans adaptation, avec ou sans accompagnement de texte. C’est Francis Blanche qui a écrit le texte le plus célèbre en français et ouvert la voie aux « carnaval des animaux avec récitant ».
J’ai, pour ma part, découvert l’interprétation de cette œuvre par Katia et Marielle LABEQUE au théâtre des Champs-Elysées à Paris lors d’une journée de pause de la tournée Boléro. L’interprétation des Hémiones, ou d’Aquarium, ou de l’étonnante partition des Pianistes -dont Camille Saint-Saëns se moque gentiment en les classant dans les animaux- par Katia et Marielle est d’une virtuosité et d’une jovialité inouïe. Elles ont, qui plus est, pris le parti de l’amusement en n’invitant, dans le petit orchestre pour qui l’œuvre est écrite, que des amis. Les musiciens sont entourés d’accessoires, la clarinette se cache sous le piano… Les pianistes et les musiciens tout en suivant rigoureusement une partition exigeante, se jouent des conventions et de « l’image rigoureuse » de la musique classique. Elles jouent, ils s’amusent et le public perd toute notion d’âge et participe activement à ce carnaval… Car c’est bien l’objet d’un carnaval… Ne s’y amusent vraiment que ceux qui participent !
J’ai donc proposé à Katia et Marielle de faire une version en euskara de ce spectacle pour plusieurs raisons :
Premièrement, la langue basque et la tradition encore très vivace du carnaval se prêtent merveilleusement bien à une telle création. Ensuite l’euskara a besoin de projets valorisants, notamment en milieu urbain, pour redynamiser une image rurale voire paysanne pourtant loin de la réalité, et montrer une autre image que la simple fonction éducative d’une langue, pourtant présente sur ce territoire depuis des milliers d’années.
Katia et Marielle sont des artistes curieuses et créatives qui n’hésitent pas à prendre des risques, ce qui donne souvent des créations très originales. Enfin la vivacité du carnaval -des personnages sont créés tous les ans- permettra d’écrire une oeuvre ancrée dans le territoire, dans ses réalités, ses fantasmes, ses certitudes et sa créativité.